Alouette

La chasse aux alouettes est enracinée dans la culture biscarrossaise, qu’elle soit pratiquée aux pantes ou à la matole.

La voici résumée en quelques temes :

Filet

Selon la législation, la surface des pantes est de 50m² par panneau, soit 25m de long sur 2m de haut. Les mailles font 27mm.

A chaque extrémité se trouve un bâton qui permet de garder le filet ouvert.

L’extrémité supérieure est constituée d’un câble sur lequel est attaché le filet, alors que le bas est maintenu au sol par des sardines. Le but étant que quand le filet est refermé sur des alouettes, celles-ci ne puissent s’échapper.

Le bâton qui est le plus proche de la cabane est muni d’un système de ressort qui lui permet de se refermer très rapidement dès que le système de déclenchement est actionné. Ces ressorts sont maintenant mécanosoudés et on en trouve assez facilement car ce sont les mêmes que pour la chasse à la palombe. Par contre, ceux que nous utilisons sont forgés et datent de mon arrière grand père. C’est là que l’expression « chasse traditionnelle » prend tout son sens.

Il existe 2 maisons encore capables de vendre ce type de filets, Mondiet à Arès et Larrieu à Bordeaux

Cabane

La cabane, la oueyte en gascon, élément indispensable de cette chasse qui oblige à rester des heures, des jours, des mois entiers au même endroit.

Certaines sont luxueuses, d’autres modestes, mais toutes ont pour but de cacher le chasseur au moment où les alouettes vont se poser, même si ce n’est pas un oiseau très méfiant.

Elle doit également pouvoir supporter les tempêtes d’automne et s’intégrer au paysage, elle est donc traditionnellement recouverte de genêts ou de brandes coupés dans la forêt toute proche.

 Chioulet

Pour attirer les alouettes pressées de migrer et les faire poser dans le périmètre de ses filets, le pantayre dispose de 3 moyens :

* le chioulet, prononcer chiwlétt, le sifflet,

* le semet, prononcer semétt qui est une alouette vivante dont on fait battre les ailes pour simuler une alouette en train de se poser,

* la siffleuse, alouette en cage qui siffle à l’approche de ses congénères.

Le chioulet est un petit sifflet rond dans lequel on aspire pour en tirer un son aussi proche que possible du chant de l’alouette.

Il y a 2 sons principaux, le piou (prononcer piw) et la trille.

Les vieux disaient toujours qu’il faut faire venir l’alouette avec le piou et la faire poser avec la trille.

Le piou est un son long un peu plaintif qu’on n’entend pas durant le passage alors que la trille rappelle le cri que lance l’alouette un vol de migration.

piou  :

trille:

Dans les 2 cas, il ne s’agit pas du chant nuptial qui est beaucoup plus élaboré et qu’on peut entendre dans les champs au printemps quand le mâle s’élève au-dessus de son territoire pour attirer les femelles.

 Semet

Le semet est un des éléments indispensables pour que les alouettes se posent exactement au milieu des filets.

Il s’agit d’une alouette vivante qui bat des ailes pour simuler la pose.

Pour cela, on accroche le semet au bout d’une baguette qu’on soulève au moyen d’une ficelle tirée depuis la cabane. L’alouette, se retrouvant en l’air, bat instinctivement des ailes jusqu’à ce qu’on la repose.

2 systèmes d’accroche sur la baguette existent, le plus simple étant de nouer un nœud coulant directement sur la patte du semet, l’autre est constitué par un corset de ficelle passé autour du corps de l’alouette qui se retrouve accrochée par le dos au bout de la baguette. Ce corset est moins traumatisant et permet de conserver dans de bonnes conditions les appeaux. Il est facile à réaliser et s’enlève aisément à la fin de la chasse.

Il se réalise en formant 2 boucles passées chacune sous l’aile et la patte de l’animal et qui se rejoignent sur le dos. Une boucle supplémentaire permet l’accrochage à la baguette.

Cage

La cage est un élément important de la chasse dans le sens où elle permet de conserver les appelants.

La cage ou plutôt les cages car ont peut en distinguer 3 utilisations différentes.

Il y a d’abord celle où on conserve les semets pendant la période de chasse, qui permet de les transporter quand on ne peut la laisser dans la cabane. Elle doit être suffisamment grande, c’est souvent une cage de canaris dont les perchoirs ont été enlevés.

Il y a ensuite la cage des siffleuses dans laquelle ces spécialistes sont enfermées individuellement et qui sont disposées près des filets.

La troisième cage est celle qui va permettre de garder des appelants tout au long de l’année pour démarrer la saison avec quelques appelants. Tous les pantayres ne sont pas d’accord sur ce point, certains relâchant systématiquement tous les semets à la fin de la chasse. Au début de la saison suivante, ils doivent alors attendre qu’on leur donne les premières alouettes attrapées ou se contenter d’accrocher au bout de leur bâton une panouille de maïs ou un bout de papier Kraft pour imiter le vol de l’alouette. Ca marche parfois mais ce n’est pas très pratique.

C’est la raison pour laquelle de plus en plus de pantayres conservent un noyau dur d’une année sur l’autre. Il faut dire que les progrès de l’alimentation animale nous aident bien et que l’aliment poussin 1er âge a remplacé avantageusement le millet.

Pour ces différentes cages, chacun a sa méthode, personnellement je les ai construites en bois après avoir essayé les cages de canari à barreau en fer et les panneaux de grillage. Les barreaux en bois sont moins traumatisants pour ces oiseaux qui restent sauvages et essaient toujours de s’échapper. C’est aussi la raison pour laquelle il est bon de les laisser dans un endroit calme et ce n’est que pendant la période hivernale qu’elles sont rentrées sous la véranda. Le reste du temps, elles sont au fond du jardin et on ne les embête qu’une fois par semaine pour remplir la mangeoire automatique, le siphon d’eau et nettoyer le fond de la cage.

Encyclopédie

L’encyclopédie de d’ALEMBERT montre le système des pantes tel qu’il était utilisé à l’époque.

Rien n’a changé à part 3 détails:

* les filets ne sont plus refermés à la force des bras mais à l’aide des ressorts, même si certains fervents de la tradition utilisent encore ce système,

* nous n’utilisons pas, en Gascogne, le miroir aux alouettes mais seulement des alouettes vivantes en guise d’appeaux. C’est une différence culturelle qui subsiste donc puisque le miroir est encore en vigueur dans le « nord » pour une chasse au fusil,

* D’Alembert ne mentionne pas l’emploi de sifflet.

3, 4, 5. Chasse des alouettes au miroir.

La saison de cette chasse est depuis le mois d’Octobre jusqu’en hiver. Ayez un miroir tel qu’il est représenté fig. 4. que toute sa surface a, b, c, d, e, f soit couverte de morceaux de glace; que ses faces latérales c, d soient en talud, afin que le miroir tournant sur son pivot g avec vîtesse, forme à l’oeil un corps solide, continu, convexe & brillant. Le miroir a, b, étant mû, la corde h s’enroule d’une certaine quantité sur la partie de la broche k qu’on voit dans l’entaille du pivot. Cette corde tirée, fait mouvoir le miroir a b en sens contraire, & ce mouvement fait renvider la corde sur la même portion de broche, & ainsi de suite; d’où l’on conçoit aisément que le miroir ne s’arrête point. On place ce miroir entre les nappes d’un filet A, B; son éclat attire les alouettes, surtout le matin. Quand elles sont posées dans l’enceinte du filet, où les appellent encore d’autres alouettes qui y sont attachées par le pié; ou lorsqu’elles voltigent audessus, à une hauteur convenable, on fait jouer les nappes, par le moyen des cordeaux 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, dont le mouvement s’entend assez.

  1. Miroir avec sa broche, séparé de son pivot.

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Règlementation

La chasse aux pantes est réglementée par l’arrêté ministériel du 17 août 1989 qui détermine notamment :

  • la zone géographique dans laquelle on peut pratiquer cette activité,
  • les dates de chasse,
  • les caractéristiques des filets (3 maximum, de 50m² chacun et des mailles de 27mm

et surtout, fige le nombre d’installations.

Arrêté du 17 août 1989 relatif à la capture de l’alouette des champs au moyen de pantes dans les départements de la Gironde, des Landes, de Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques

NOR: PRME8961374A

Version consolidée au 13 septembre 1989

Le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de l’environnement et de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs,

Vu le second alinéa de l’article 373 du code rural ;

Vu la directive du Conseil des communautés européennes n° 79-409 du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages, notamment son article 9,

  1. – Conditions générales.

Article 1

La capture de l’alouette des champs à l’aide de filets horizontaux dits “ pantes “ est autorisée, dans les lieux où elle était encore pratiquée en 1986, dans les départements de la Gironde, des Landes, de Lot-et-Garonne, des Pyrénées-Atlantiques, et dans les conditions strictement contrôlées définies ci-après afin de permettre la capture sélective et en petites quantités de ces oiseaux, puisqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante.

Article 2

Cette capture est autorisée pendant la période fixée annuellement par le préfet.

II – Spécifications techniques.

Article 3

La surface des pantes ne peut être supérieure à 50 mètres carrés par panneau.

La distance de noeud à noeud des mailles du filet ne peut être inférieure à 27 millimètres.

Article 4

Seule l’alouette des champs vivante peut être utilisée comme appelant. Les appelants ne peuvent être ni mutilés ni aveuglés.

Article 5

Le nombre maximum d’oiseaux pouvant être capturés pendant la campagne ainsi, le cas échéant, que les spécifications techniques propres à un département sont fixés chaque année par le ministre chargé de la chasse.

Article 6

Les installations sont démontées deux jours au plus tard après la clôture de la période où la capture est autorisée.

III – Régime d’autorisation.

Article 7

La capture des alouettes des champs à l’aide de pantes est soumise à une autorisation individuelle annuelle délivrée au nom de l’exploitant.

Dans chaque commune concernée, le président de l’association communale de chasse agréée établit une liste nominative des exploitants qu’il transmet au maire avant le 1er septembre [*date*]. Le maire établit sur la base de cette liste les autorisations individuelles. Il transmet un exemplaire de la liste au préfet.

L’autorisation doit pouvoir être présentée à tout instant sur les lieux de l’exploitation.

Article 8

L’autorisation ne peut être sollicitée que par les titulaires d’un permis de chasser dûment visé et validé dans le département et si l’exploitation a été licitement utilisée au cours de la campagne précédente.

Article 9

Chaque bénéficiaire d’une autorisation tient à jour un état de ses captures qui doit pouvoir être présenté à tout instant sur les lieux de l’exploitation. Dans les vingt jours suivant la clôture de la campagne, chaque bénéficiaire transmet cet état au maire [*délai*].

Article 10

Tout gibier autre que l’alouette des champs capturé accidentellement est relâché immédiatement.

IV – Dispositions diverses.

Article 11

La commercialisation des alouettes des champs ainsi capturées est interdite, conformément aux dispositions de l’arrêté du 20 décembre 1983 relatif à la commercialisation de certaines espèces d’oiseaux.

Article 12

Le contrôle du respect des dispositions ci-dessus est assuré par les agents habilités en matière de police de la chasse, et notamment par les gardes nationaux de la chasse et de la faune sauvage, sous la responsabilité du préfet.

Article 13

Les préfets des départements concernés sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.